jeudi 7 février 2008

Les Vieux




Premièrement je tiens à souligner tout le respect qui existe dans l’expression LES VIEUX.
Je vais même aller jusqu’en thérapie choc avec vous; VIEILLE, VIEUX, ANCIEN, VIEILLESSE, VIEILLISSEMENT, quoi quoi quoi!
Parce que franchement! Ce n’est pas en rendant ces mots carrément tabous qu’on va se sauver de cette vieillesse certaine et surtout pas qu’on va se déculpabiliser d’avoir ignoré et isolé nos VIEUX ! Compris?

Avec toute la fierté et l’amour que j’ai pour mes grands-parents, je montrai leur photo à la petite voisine.
Ahh! Mais ce qu’ils sont vieux! Dit-elle les yeux bourrés d’admiration.
Elle a bien raison. Ici avoir un vieux très vieux dans sa cour, c’est une fierté!
Je lui dis, à mon tour avec fierté, qu’ils ont plus de 80 ans

Elle ne me croit toujours pas.

L’espérance de vie moyenne est de 47 ans au Burkina.

Insolite 1

C’est arrivé près de chez nous.

C’est le samedi matin que la Sœur part au village visiter des jeunes enfants souffrant de malnutrition. Par contre, ce samedi, Sœur Marie quelque chose avait très mal au ventre. Elle cherche du regard la pharmacie ambulante, y’aura probablement un jeune dans le périmètre qui trimbalera sur sa tête une gamme de médicaments dont les boîtes auront jaunit au soleil et brunit sous la poussière.
En vlà un.
Un jeune homme d’une quinzaine d’année s’avance pour venir servir la dame.
J’ai bien mal au ventre qu’elle lui dit. T’as quelque chose?
Oui oui qu’il répond sans hésiter, et lui tend une boîte de comprimés.

La vente aurait été un closed deal si le pauvre vendeur n’avait pas été analphabète et complètement ignorant de ses produits… parce que quand on essaie de refiler une boîte de contraceptif à une bonne sœur… c’est que vraiment…

Vous avez, pour la plupart, déjà entendu parler de la problématique pharmaceutique ici sur le continent. Le problème est de taille et le marché qui le supporte l’est tout autant. Les médicaments de contrefaçon, les instruments médicaux souillés revendus, les placebos, quoi quoi quoi*… trouvent logiquement preneurs ici, alors que la majorité de la population est massivement malade et férocement pauvre, et que l’industrie pharmaceutique est cruellement ce qu’elle est… i.e. une Grossière Industrie.

Au grand malheur de nos homologues africains, qui décidemment ne bénéficient d’aucun répit, une autre dimension s’ajoute au tableau. (**) L’époque des colonisations a eu pour effet de déstructurer les charpentes traditionnelles. Un important savoir s’est alors volatilisé avec l’esprit des vieux sages et des guérisseurs qui nous ont quittés. Ceci a un effet direct sur la santé. Les populations malades flottent entre deux savoirs, sans maîtriser ni l’un ni l’autre.

*Quoi quoi quoi : Etc.
** Parenthèse : Une chauve-souris vient de tomber à côté de moi, elle palpite, elle agonise, c’est la fin pour elle.
Une chauve-souris mourante en plein soleil, non c’est pas mignon!
C’est bon maintenant, un lézard est venu s’en charger.


1 semaine plus tard…

J’ai du nouveau! Un vent d’espoir souffle sur le Burkina!!! Mon collègue coloc m’annonce qu’un homme est venu dans les bureaux du ministère aujourd’hui brandissant fièrement ce nouveau médicament venu du CANADA! Wouah! L’excitation est à son comble, un médicament venu de ce pays sain et prospère est rare et précieux.

Humm? Ce dit Philippe, mon co-lègue co-loc. Mais de quel produit si fameux peut-il s’agir?
Vous avez une idée de ce qui venait de frapper l’Afrique?

Et oui! Vous l’aviez deviné : ADRIEN GAGNON!